La vie est une succession de renoncements et de deuils douloureux mais nécessaires. Adeline Calosci a choisi de révéler ces instants les plus sombres, au travers son travail, en plongeant dans l’obscurité pour en faire jaillir la lumière. Jung a très bien décrit cet état de dépression profonde, de glissement vers l’abîme où tout semble proche de la mort. Il a appelé ça le Nigredo, cette boue noire et dense des alchimistes qui finira par se transformer en or ! Accepter de sombrer dans ces méandres c’est aussi se donner la chance de se connaître profondément et de renaître pour le meilleur, il faut y voir une expérience, une aventure, un enseignement, et ne surtout pas en avoir peur…Mais on ne revient pas à la surface sans rituel !

Adeline Calosci symbolise ces passages par le tatouage, violent accouchement de soi-même. Il n’est bien évidemment jamais anodin de se faire transpercer la peau et changer son corps à tout jamais. L’acte ne peut être léger et il est forcement libérateur. A chaque coup d’aiguille, quelque chose du passé s’éloigne pour faire place à un nouveau « moi », c’est douloureux et étrangement, source d’un immense plaisir à la fois. Au fil de ses sculptures ludiques, Adeline grave les peaux pour renouveler l’ADN de ses personnages et symboliser leur transcendance. Elle interroge l’opposition des univers, de l’innocence de l’enfance à la souffrance, de l’élan de vie aux pulsions de mort, de la joie à la gravité… Elle se nourrit de ces combats là pour créer des totems intimes, emblématiques de nos dépassements de soi…